50 ans de la loi pastorale
Le 2 mars 2023, l’Association française de Pastoralisme (AFP) organisait un colloque à l’Assemblée nationale, sous le haut patronage de sa Présidente, Yaël Braun-Pivet. La journée était consacrée aux 50 ans de la Loi Pastorale de 1972 dont les décrets d’application ont été votés en 1973.
L’assistance, nombreuse, comprenait 200 participants, dont une délégation d’éleveurs d’ESTIVALP et ALPAGE, les deux Fédérations de Groupements pastoraux du 04 et du 05.
Une grande diversité d’intervenants a pris la parole, dont des représentants du CERPAM et d’ESTIVALP pour l’élevage pastoral de notre région, ainsi que l’Association des Communes pastorales lors de la table ronde.
L’objectif était de réaffirmer la pertinence et la modernité de cette loi très simple qui a su dynamiser les activités pastorales pour les décennies à venir : accès au foncier au travers des Conventions pluriannuelles de Pâturage, regroupement du foncier par le biais des Associations foncières pastorales, organisation collective des éleveurs par le moyen des Groupements pastoraux et aujourd’hui Associations de transhumance hivernale. Un travail de bilan mené par l’AFP a permis de mettre en évidence la « frise chronologique » de l’émergence des services pastoraux dans toutes les régions pastorales de France, grâce à la charpente législative établie par cette loi.
De nombreux témoignages ont permis d’illustrer les différents pastoralismes en France et au-delà, avec notamment un élargissement du regard pastoral vers les marais atlantiques de l’Ouest, les Vosges alsaciennes et la Generalitat de Catalunya.
Les bergères et les bergers avaient bien sûr toute leur place dans les interventions, portant haut leurs revendications pour une meilleure prise en compte d’un si beau mais si difficile métier.
L’objectif était, aussi, de dresser le panorama de toutes les grandes mutations affectant l’élevage pastoral au fil des décennies. Prédation avec toutes les contraintes et stress en découlant, pratiques de loisir démultipliées sur les espèces pastoraux, et aujourd’hui, concurrence avec de nouveaux usages affectant l’espace pastoral comme la compensation carbone excluant le pâturage. Nombreux sont les défis à relever à l’heure où le cadre de la PAC veut restreindre l’éligibilité des surfaces pastorales ligneuses au moyen du dispositif totalement inadapté de l’obligation de chargement à 0,2 UGB/ha. C’est parfois la survie même de l’activité pastorale qui paraît menacé aux yeux des praticiens du pastoralisme, qui voient se restreindre l’accès à un espace qui a toujours été pastoral, pour des considérations naturalistes ou forestières.
Pourtant, comme l’ont souligné de nombreux participants, l’élevage pastoral, production agricole à part entière, fournisseur de produits de qualité et de proximité, apte à façonner les paysages et la biodiversité sur 2,5 millions d’ha, est bien plus la solution que le problème au regard de bien des enjeux de société. C’est le message qu’il s’agissait de faire passer aux élus de la République, appelés à mettre en œuvre les évolutions législatives nécessaires pour permettre aux acteurs du monde pastoral de continuer leur activité à l’avenir.
L’ensemble a été filmé. Il sera bientôt possible de visionner les interventions et le débat sur le site de l’Association Française de Pastoralisme.
Auteur : Laurent Garde, directeur adjoint du CERPAM et administrateur de l’AFP
Coordinateur des chroniques ovines : Rémi Leconte – MRE