Accueil>La Chronique Ovine du Sud Est : Composter son fumier pour gagner en qualité de sol et faire des économies

La Chronique Ovine du Sud Est : Composter son fumier pour gagner en qualité de sol et faire des économies

Pourquoi composter le fumier ovin ?

Le compostage est un processus biologique de dégradation des matières organiques par des micro-organismes (bactéries, champignons) et des macro-organismes (vers, insectes) en milieu aéré (condition aérobie) et humide. Ce processus aboutit à la formation d’un amendement organique stable, homogène et hygiénisé, qui améliore la structure et la fertilité des sols : le compost.

Par rapport à un fumier frais le fumier composté offre de nombreux avantages. Tout d’abord le fumier composté agit comme un engrais de fond. L’azote est majoritairement présent sous forme organique, il sera minéralisé et utilisé par la plante sur plusieurs années. Par contre le potassium et le phosphore sont tout de suite mobilisable, comme pour un engrais minéral. Le compost améliore également la structure du sol en appartement de l’humus augmentant ainsi sa capacité à retenir l’eau et la vie biologique du sol à long terme.

L’épandage de fumier composté est également plus facile et économique que celle d’un fumier frais. Le compostage permet de concentrer le fumier, la matière organique perd 20 à 40% de son volume, ce qui signifie moins de transport et moins de temps passer à l’épandage. La matière dégradée est plus fine et homogène, donc plus simple à épandre. Le compostage permet la destruction des pathogènes et des graines d’adventices présents dans le fumier. Un fumier bien composté n’a plus d’odeur ce qui limite les risques de perte d’appétence sur les fourrages et est sympa pour les voisins. Enfin, en transformant l’azote minérale sous forme organique, le compostage le stabilise et limite les pertes liées à la volatilisation lors de l’épandage.

Bien qu’il présente de nombreux avantages, compostage du fumier ne doit pas être systématique. Le fumier composté n’aura pas l’effet « coup de fouet » à court terme sur les cultures que possède le fumier frais. De plus le compostage est une technique complexe, s’il est mal réalisé on risque de perdre plus de 50% des nutriments et du carbone.

Une fertilisation à faible coût

Contrairement aux idées reçue s, le compostage du fumier n’entraîne pas de surcoût significatif par rapport à un épandage de fumier brut. La réduction des volumes épandus compense le coût de transformation. De plus, la concentration en P et K du compost permet de diminuer les apports d’engrais minéraux, générant ainsi des économies sur le long terme.

Par exemple, pour une prairie naturelle, le coût total de fertilisation avec du compost de fumier ovin est d’environ 46 €/ha contre 276 €/ha pour un apport d’engrais minéral ternaire. Pour une culture céréalière, l’association compost + ammonitrate permet une fertilisation plus économique que l’usage d’engrais minéraux seuls.

Une pratique adaptable aux besoins des cultures

Le compost ovin convient particulièrement aux prairies et cultures fourragères, mais aussi aux céréales, en association avec une fertilisation azotée complémentaire. L’épandage doit être raisonné en fonction des besoins de la culture et dans le meilleur des cas, des analyses du sol et du compost.

Le compostage du fumier ovin est donc une solution performante pour améliorer la gestion des effluents d’élevage tout en optimisant la fertilité des sols. Bien maîtrisé, il constitue un levier technique et économique intéressant pour les éleveurs.

Bonus

Encore interdite pour le moment, le compostage sur la ferme de la laine est une voie de valorisation prometteuse qui est en cours d’expérimentation pour lever les freins techniques et réglementaires.

Auteurs : Fabien Davy – Chambre d’Agriculture 05

Coordinateur des chroniques ovines : Rémi Leconte – MRE

 

Téléchargements

Accèder à l'image

Partager cet article sur : Twitter Facebook