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Un effet mâle peut-il permettre de cycler des brebis aussi bien qu’un traitement hormonal ?

Contexte :

Dans les élevages ovins l’induction et la synchronisation des chaleurs et des ovulations visent à :

  • déclencher l’activité sexuelle des brebis en période d’anoestrus, en particulier au printemps, ce qui permet une production d’agneaux à contre-saison ;
  • synchroniser les accouplements et donc les mise-bas, ce qui facilite la surveillance des agnelages et la constitution de lots homogènes d’engraissement ;
  • améliorer la fertilité du troupeau lorsque la période de lutte de printemps est de courte durée.

Les traitements hormonaux (éponge d’acétate de fluorogestone (FGA) + injection de gonadotrophine chorionique équine (PMSG)) sont très efficaces pour induire et synchroniser les chaleurs mais à l’heure actuelle des méthodes alternatives sans utilisation d’hormones sont souhaitées pour mieux répondre aux attentes des consommateurs.

 

L’effet mâle (EM) est une méthode naturelle et économique d’induction et de synchronisation des chaleurs. L’EM qui consiste à introduire un bélier dans un troupeau de brebis en état d’anœstrus saisonnier après un temps de séparation d’au moins un mois induit une ovulation et la reprise des cycles d’œstrus. Les femelles répondant à l’EM ovulent alors dans les 2 à 4 jours suivants. Cette 1ère ovulation dite silencieuse (non accompagnée de chaleur) est suivie soit par :

  • un cycle ovulatoire normal (CN) d’environ 17 jours conduisant à une 2e ovulation accompagnée de chaleur(œstrus) ;
  • un cycle ovulatoire court (CC) de 6 jours conduisant à une 2e ovulation silencieuse puis, après un CN de 17 jours, par une 3e ovulation, cette fois, associée à un comportement d’œstrus

La réponse à l’EM présentera donc deux pics d’apparition des chaleurs situés environ 18 à 20 jours et 24 à 26 jours après l’introduction des béliers.

Problématique :

L’utilisation de l’EM comme alternative naturelle aux traitements hormonaux d’induction et de synchronisation des chaleurs se heurte à deux limites :

  1. la proportion de brebis capables de répondre est extrêmement variable et difficilement maîtrisable du fait d’influences multifactorielles ;
  2. les chaleurs induites se répartissent en deux pics distants de 6 jours entrainant une synchronisation plus faible en comparaison du protocole hormonal standard.

Ces contraintes ne permettent pas de faire une monte en main efficace, d’avoir un bon regroupement des agnelages ou d’envisager une Insémination Animale (IA) sur tout un troupeau à une date unique.

Expérimentation :

Il a été montré que l’apparition des CC était due à une imprégnation insuffisante de l’environnement ovarien à la progestérone. L’objectif de notre étude a été de réduire la variabilité de la réponse à l’effet mâle par l’utilisation préalable d’une éponge de FGA pour supprimer les CC et rendre la 1ere ovulation suite à un EM non silencieuse.

Les brebis ont été épongées (éponge de FGA) (groupe FGA) ou non (groupe Témoin) pendant 12 jours, puis un effet mâle a été réalisé en introduisant des béliers vasectomisés pendant 14 jours. Pour finir les brebis ont été mises en lutte avec des béliers entiers pendant 17 jours.

Résultats :

La cyclicité avant EM (48%) et la réponse à l’EM (98%) est importante chez la brebis Mérinos d’Arles.

Le prétraitement avec une éponge de FGA permet :

  • Suppression des CC en réponse à un EM (0 vs 25% de CC dans les groupes FGA et Témoin).
  • Synchronisation des brebis cycliques à contre saison
  • Première ovulation après l’introduction des mâles rendue non silencieuse
  • 90% de femelles en chaleur 53h après le retrait des éponges (au lieu de 4% pour les brebis Témoins).
  • 96% de femelles en chaleur pendant les 14 jours d’effet mâle (au lieu de 44% pour les brebis Témoins).

Conclusion :

L’association d’un traitement progestagène et de l’effet mâle est une perspective intéressante pour l’obtention d’une meilleure synchronisation des chaleurs, un regroupement efficace des agnelages et la possibilité de réaliser une IA à heure fixe sur l’ensemble d’un lot, sans avoir l’inconvénient d’utiliser une hormone protéique (PMSG) provenant d’une autre espèce et dont la production est très controversée.

 

Plus d’infos : http://www.journees3r.fr/spip.php?article5049

Auteurs : Nathalie Debus et Gaëlle Besche, INRAE Montpellier

Coordinateur des chroniques ovines : Rémi Leconte – MRE

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